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Culture de l'émeute en Algérie
L'Amérique Latine en 2004
Sous-continent indien
Evènements courts et forts (2004)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les évènements négatifs de 2004 à 2008 

 

 

La période d’observation allant de 2004 à 2008, est bien trop courte à l’échelle du débat de l’humanité pour en tirer des conclusions définitives sur le mouvement du négatif et sur l’histoire actuelle indépendamment des évènements passés. Comme elle n’est pas une période historique en tant que telle, qui aurait une unité, une forme et un contenu propre, on ne peut bâtir sur elle aucune interprétation de l’histoire. C’est une époque où se mêlent les débats passés, ce qui résulte des précédentes défaites, et les ébauches, difficiles à percevoir, des possibles à accomplir.

Cependant un recensement statistique des évènements négatifs indique dans une certaine mesure des évolutions et une intensité globale de la révolte, pour qui sait l’utiliser. Pour rappel, le laboratoire des frondeurs désigne par le terme d’évènements négatifs tous les évènements d’une intensité supérieure ou égale à une émeute locale ; chaque évènement négatif fait l’objet d’un dossier, consultable dans la partie Archive de ce site, où sont compilés les articles de presse le concernant.

 

 

2004

2005

2006

2007

2008

Total

Evènements négatifs

246

190

165

142

109

852

Etats concernés par
au moins un évènement négatif

81

64

64

64

45

120

 

Un premier aperçu de la période d’observation est un bilan des évènements négatifs qui s’y sont déroulés : 246 évènements négatifs distribués sur 81 Etats en 2004, 190 évènements dans 64 Etats en 2005, 165 évènements dans 64 Etats en 2006, 142 évènements dans 64 Etats en 2007 et 109 évènements dans 45 Etats en 2008. Au total ce sont 852 évènements négatifs qui ont eu lieu entre 2004 et 2008, dans 120 Etats. Seuls 79 Etats dans le monde n’ont pas été touchés par une révolte. Ces chiffres, seuls, sont un premier signe de la présence joyeuse, furibarde et ubiquiste de la critique pratique dans le monde et de sa vigueur.

Pour resituer ces chiffres par rapport à d’autres périodes, on peut se souvenir que l’ex-Bibliothèque des Emeutes avait constitué pour 1990, 126 dossiers d’événements négatifs répartis sur 54 Etats. Comparativement, le laboratoire des frondeurs a identifié près du double d’évènements négatifs pour 2004 et un nombre d’évènements négatifs comparable pour 2008. A première vue, et si on fait abstraction des différences liées à l’outil d’observation et aux sources d’information mobilisées qui ont probablement une importance déterminante, l’accroissement des évènements négatifs semblerait traduire une intensification de la négativité dans le monde depuis 1990, mais rien n’est moins vrai.

Si on cherchait à se représenter l’évolution des évènements négatifs dans le monde à l’intérieur de la période 2004-2008, sans s’intéresser à leur qualité, l’année 2004 ou une année antérieure que l’on ne connaît pas, apparaitrait alors comme le pic de la négativité qui serait suivi d’un reflux de plus en plus net jusqu’en 2008. Une telle analyse est erronée : l’évaluation de la période doit s’appuyer sur les évènements négatifs d’importance majeure au premier rang desquels sont les insurrections, suivis en second rang par les évènements « longs et faibles » et les événements « courts et forts » et en dernier rang par les émeutes locales. On obtient alors une tableau radicalement différent.

 

Type d’évènement négatif

2004

2005

2006

2007

2008

Total

Long – Fort (équivalent à insurrection)

1

2

-

-

-

3

Long – Faible

8

3

3

2

1

17

Court – Fort

20

9

15

10

9

63

 Court – Faible (équivalent à émeute locale)

217

176

147

130

99

769

 

Pour poursuivre la comparaison esquissée précédemment, pour la seule année 1990, qui se situait dans la phase ascendante du grand mouvement de révolte de 1987-1993, l’ex-Bibliothèque des Emeutes avait repéré 16 insurrections (si l’on additionne les 6 insurrections généralisées et les 10 insurrections mineures) tandis que le Laboratoire des frondeurs n’a identifié que 7 insurrections en cinq ans d’observation. Ce qui signifie que, sans surprise, 2004-2008 est une période de bien moindre intensité de la révolte que la seule année 1990, malgré un nombre beaucoup plus élevé d’évènements négatifs repérés.
 

1.      Les insurrections de 2004 à 2008

 

2004

Haïti

Prémices 

03 HAI 1 (Long et Faible) 

 

Début 

04 HAI 1 (Long et Faible) et 04 HAI 2 - Port-au-Prince

 

Cœur de l’offensive 

04 HAI 3 - Gonaïves  (Long et Fort) 

 

Impasse

04 HAI 4 - Port-au-Prince (Long et Faible)

Manipur (Inde)

 

04 IND 7 - Manipur (Long et Faible)

2005

Kirghizistan

Epicentre 

05 KIZ 1 - Jalal-Abad (Long et Fort)

 

Déflagration secondaire 

05 OUZ 2 - Andijan (Court et fort)

Quito (Equateur)

Impact 

05 EQU 1 - Quito (Long et Fort)

 

Queue de comète 

05 EQU 3 - Nueva Loja (Long et Faible)

Bolivie

 

05 BOL 1 - La Paz (Long et Faible)

2006

Katmandou (Népal)

Cœur de l’offensive 

06 NEP 1 - Katmandou (Long et Faible)

 

Développement 

07 NEP 1 - Lahan (Court et Fort)

2007

Mogadiscio (Somalie)

Pillage 

06 SOM 2 - Mogadiscio (Court et Faible)

 

Cœur de l’insurrection 

07 SOM 1 - Mogadiscio (Court et Fort)

 

Sept insurrections de forces inégales déterminent l’unité de temps 2004-2008. Elles apparaissent soit dans la catégorie des évènements négatifs « longs et forts », soit dans celle des évènements « longs et faibles ». Une seule insurrection, en Somalie, répond à la catégorie des évènements « courts et faibles » et marque une limite de notre outil d’observation. Deux insurrections dont la puissante révolte en Haïti et celle mineure du Manipur donnent le ton pour 2004, trois insurrections au Kirghizistan, en Equateur et en Bolivie contribuent au débat en 2005, quand deux insurrections au Népal et en Somalie y participent en 2006 et en 2007.  Le pic de la négativité sur la période 2004-2008 se situe donc plutôt en 2005, précédé par une montée intense en 2004, et suivi par une forte décrue de la révolte, puisqu’en 2008 aucune insurrection n’a eu lieu.
 

2.      Les évènements « longs et forts » et « longs et faibles » de 2004 à 2008

 

Type d’évènement négatif

2004

2005

2006

2007

2008

Total

Long – Faible

8

3

3

2

1

17

Long – Fort

1

2

-

-

-

3

 

Les évènements « longs » ont en règle générale une durée qui dépasse six jours d’émeute. Cette catégorie est divisée en évènements « longs et forts » qui comportent des journées d’une intensité supérieure ou égale à celle d’une émeute majeure, et en évènements « longs et faibles » qui ne comportent pas par exemple de journées d’émeute majeure et restent de faible intensité.

 

Liste des évènements  « longs et forts » et  « longs et faibles »

Etat

Lieux

Date

Code

2004

Haïti

Port-au-Prince

04 01 01

03 HAI 1

Népal

Katmandou

04 01 06

04 NEP 1

Haïti

Port-au-Prince

04 01 07

04 HAI 1

Mexique

Tlanepantla

04 01 11

04 MEX 1

Haïti

Gonaïves

04 02 05

04 HAI 3

Venezuela

Caracas

04 02 27

04 VEN 2

Népal

Katmandou

04 04 02

04  NEP 2

Inde

Imphal

04 07 16

04 IND 7

Haïti

Port-au-Prince

04 09 30

04 HAI 5

2005

Kirghizistan

Jalal Abad

05 03 20

05 KIZ 1

Equateur

Quito

05 04 13

05 EQU 1

Bolivie

La Paz

05 05 16

05 BOL 1

Iran

Mahabad

05 07 15

05 IRA 4

Equateur

Nueva Loja

05 08 15

05 EQU 3

2006

Népal

Katmandou

06 04 07

06 NEP 1

Mexique

Oaxaca

06 06 14

06 MEX 3

Bangladesh

Dhaka

06 10 28

06 BAN 10

2007

Guinée

Conakry

07 01 17

07 GUI 1

Kenya

Kisumu

07 12 29

07 KEN 2

2008

Inde

Srinagar

08 06 23

08 IND 6

en gras :  Evènement « long et fort »
en normal :  Evènement  « long et faible »


Entre 2004 et 2008, tous les évènements négatifs « longs et forts » en Haïti en 2004, au Kirghizistan et à Quito en 2005 sont des insurrections. Deux insurrections correspondent à des évènements « longs et faibles » en Inde en 2004 et au Népal en 2006. Les autres évènements négatifs « longs et faibles » précèdent ou suivent des insurrections - c’est le cas en Haïti avant et après l’insurrection, en 2003 puis fin 2004, et au Népal en 2004 - ou bien constituent des mouvements de basse intensité composés d’une myriade d’émeutes sur une longue période temporelle, localisées dans une ville ou dans une région (Oaxaca au Mexique, Jammu et Cachemire en Inde) ou au contraire, très dispersées (Bangladesh, Kenya). Au cours de la période 2004-2008, le nombre d’évènements longs décroit malheureusement fortement avec un pic de 8 évènements « longs et faibles » en 2004 dont 3 en Haïti et 2 au Népal, pour se stabiliser aux alentours de 3 évènements entre 2005 et 2007 et arriver à un seul évènement « long et faible » en 2008 en Inde. 

 

3.      Les évènements « courts et forts » et « courts et faibles » de 2004 à 2008

 

Type d’évènement négatif

2004

2005

2006

2007

2008

Total

Courts – Faibles

217

176

147

130

99

769

Courts – Forts

20

9

15

10

9

63

 
Pour partie la décrue du nombre des évènements négatifs de 2004 à 2008 est d’abord la conséquence de la décrue des émeutes locales, qui ont diminué de moitié, passant de 217 en 2004 à 99 en 2008. Seule, cette évolution reste difficile à interpréter à l’échelle du monde, d’autant plus que la plupart de ces révoltes isolées sont sans lendemain. Elles témoignent de la contagion des émotions collectives dans le monde, et d’une critique pratique de l’Etat, des marchandises et de l’information dominante qui se diffuse, mais qui la plupart du temps, n’arrive pas jusqu’à la formulation d’un discours conscient. Après être apparue dans les actes des émeutiers, la pensée que manifeste la critique en actes reflue dans le domaine de l’aliénation : ce que devient la pensée émise pendant une émeute après qu’elle se soit achevée nous échappe totalement et semble aujourd’hui impossible à retracer. De plus, les données sur les émeutes locales sont fortement tributaires de notre outil d’observation, qui reste particulièrement sensible aux transformations constantes des sources d’information ennemies sur l’internet, à leur référencement et à leur accessibilité. Si les évènements négatifs « courts et forts », « longs et faibles » et « longs et forts » sont généralement connus par notre observation, sauf exception possible mais toujours remarquable, les émeutes locales sont plus ou moins visibles en fonction de l’ambiance générale du moment dans l’information dominante et des sources disponibles qui varient selon les stratégies commerciales des sites d’information.

La catégorie d’évènements négatifs « courts et forts », qui correspond aux évènements comprenant moins de six jours d’émeute mais de forte intensité, donne une autre appréciation de la période 2004-2008 (Cf. liste des évènements « courts et forts » en annexe).

Offensives puissantes et soudaines, les évènements négatifs « courts et forts » témoignent de la vigueur et de la radicalité de l’émeute moderne. Ces évènements constituent des queues de comètes d’insurrections passées, sont le germe d’insurrections futures ou restent isolés dans le temps entre un passé difficilement discernable et un avenir inexistant à notre échelle d’observation. Les émeutes « courtes et fortes » sont toujours des menaces sérieuses pour l’Etat, qui est directement attaqué, pour les marchandises, car les pillages y sont fréquents, et plus rarement pour l’information dominante qui est toujours prise de vitesse. Les évènements « courts et forts » tracent un débat sous-terrain puissant qui se manifestent par intermittence, suscitant la terreur des gestionnaires. Imprévisibles et profonds, posant de manière quasi-immédiate la question du monde mais presque toujours sans la formuler, joyeux et destructeurs, les évènements négatifs « courts et forts » sont une mutation importante de la négativité dans le monde depuis la vague de révolte de 1987-1993. Pour les évènements « courts et forts », 2004 reste le pic de la révolte sur la période : ils sont en 2006, deux fois plus fréquents dans le monde qu’en 2005, mais 2007 et 2008 retrouvent un niveau identique à celui de 2005, avec 10 et 9 évènements « courts et forts » par an. L’évolution du nombre d’évènements « courts et forts » amène donc à infléchir le jugement précédent d’une décrue linéaire après 2005. Si décrue il y a, elle n’est donc ni aussi nette, ni aussi forte que pour les insurrections et a fortiori que pour les évènements « courts et faibles ».

   

4.      Les évènements négatifs de 2004 à 2008 par zone du monde

Sur les sept insurrections de la période 2004-2008, trois sont en Amérique Latine, deux sont en Extrême Orient et deux, au Kirghizistan et en Somalie, en zone Islam. Comme on le voit, la localisation des insurrections dessine une géographie fort éloignée de la représentation centrée sur un antagonisme Islam-Occident martelée par l’information dominante.

 

Zone du monde

Afrique

Amérique Latine

Extrême Orient

Forteresse

Occident Div° 2

Islam

Catégorie

c/f

c/F

L/f

L/F

c/f

c/F

L/f

L/F

c/f

c/F

L/f

L/F

c/f

c/F

L/f

L/F

c/f

c/F

L/f

L/F

c/f

c/F

L/f

L/F

2004

47

4

-

-

33

5

5

1

29

2

3

-

29

-

-

-

6

1

-

-

73

8

-

-

2005

51

3

-

-

36

-

2

1

30

1

-

-

9

2

-

-

1

-

-

-

49

3

1

1

2006

32

1

-

-

27

1

1

-

31

5

1

-

7

-

-

-

5

-

-

-

45

8

1

-

2007

23

3

1

-

26

1

-

-

30

4

-

-

10

-

-

-

6

-

-

-

35

2

1

-

2008

11

2

-

-

28

2

-

-

20

3

1

-

3

1

-

-

3

1

-

-

34

-

-

-

Total

164

13

1

-

150

9

8

2

140

15

5

-

58

3

-

-

21

2

-

-

236

21

3

1

 

Un détour par les six zones au sein desquelles sont classés les Etats du monde, permet d’affiner les tendances observées jusque-là. Si toutes zones confondues, le nombre d’évènements négatifs décroit de 2004 à 2008, une observation plus fine met en évidence des différences assez nettes d’une zone à l’autre. La zone Islam, la plus émeutière sur la période en nombre total d’évènements, mais avec deux insurrections, connait la plus grande baisse du nombre total d’évènements négatifs : de 82 à 34 en cinq ans. Cette analyse est confirmée par l’effondrement des évènements négatifs « courts et forts » sur la période, passant de 8 à 0. Seconde dans les zones les plus émeutières de la période, l’Afrique a vu également le nombre de ses évènements négatifs s’éroder fortement de 47 (2004) à 11 (2008). Cependant, le nombre d’évènements « courts et forts » s’y maintient, relativisant ainsi la diminution de l’ensemble. Pour les zones Forteresse et Occident Division 2, la tendance est à la chute libre, traduisant l’apathie des humains d’occident et leur putride satisfaction. En Amérique Latine, si l’intensité des évènements négatifs décroit très légèrement, leur nombre reste stable et la négativité continue de s’exprimer avec imagination, manifestant même une légère reprise en 2008. Comme l’Amérique Latine, l’Extrême Orient fait preuve d’une continuité remarquable, voire même d’une intensité accrue si on considère le nombre d’évènements « courts et forts » et « longs et faibles » en 2008, ce qui place ces deux dernières zones du monde au cœur du débat sur la période observée.

 

5.      Les évènements négatifs de 2004 à 2008 par Etat

 

Zone du monde

Afrique

Amérique Latine

Extrême Orient

Islam

Occident Division 2

Forteresse

Etats les plus émeutiers

Nigeria (45)

Pérou (28)

Inde (92)

Algérie (55)

Serbie (5)

Israël (13)

AFS (18)

Bolivie (20)

Chine (33)

Iran, Pakistan et Bangladesh (25, 25, 27)

Pologne, Hongrie, Danemark, (3 chacun)

USA (9)

Total
pour la zone

178

169

160

261

23

61


L’Inde est l’Etat le plus émeutier du monde. Sur les cinq années il comptabilise 92 évènements négatifs, avec respectivement 17, 18, 22, 20 puis 15 évènements pour 2004, 2005, 2006, 2007 et 2008 ; ce qui dénote une grande constance du souffle négatif des émeutiers d’Inde. Comparativement, la Chine, qui est tout de même en quatrième position de ce classement, connait 33 évènements négatifs sur la période, partant de 8 émeutes en 2004 et 2005, 5 en 2006 pour arriver à 6 en 2007 et 2008. Au total le nombre d’émeutes en Inde et en Chine représente près de 80% du nombre des évènements négatifs de la zone Extrême Orient.

Autre Etat émeutier, l’Algérie second dans le classement mondial avec 55 évènements négatifs a pourtant vu sa négativité chuter fortement de 23 émeutes en 2004, à 10 en 2005 et 2006, à 6 en 2007 et 2008. A l’exception de la belle émeute d’Oran de mai 2008 déclenchée par un match de football, les révoltes y restent localisées, de courte portée et sans grande extension, tenues le plus souvent dans le prétexte de revendications municipales, ce que l’information dominante récupère en formalisant un discours sur la « culture de l’émeute » ; ainsi l’émeute moderne est réduite à un moyen de revendication au même titre que la grève, raccourcissant d’autant ses perspectives.

Le nombre des évènements négatifs au Nigéria, troisième dans le classement, suit la même tendance qu’en Algérie, plus nettement encore puisqu’elle décroit de 15 évènements en 2004 à 3 seulement en 2008. Il en va de même pour l’Iran et pour l’Afrique du Sud où le nombre d’émeutes décroit chaque année, et où les actes négatifs restent très localisés. A l’inverse, le Bangladesh et le Pakistan présentent des évolutions croissantes en nombre d’évènements négatifs avec un maximum atteint de 10 évènements négatifs en 2006 au Bangladesh et de 7 évènements négatifs en 2007 au Pakistan.  

Certains Etats comme le Pérou (7 évènements négatifs en 2004 et 2005, 2 puis 3 et 9 évènements respectivement en 2006, 2007 et 2008) ou la Bolivie (3 évènements négatifs en 2004, 2 en 2005, 3 en 2006 et 6 en 2007 et 2008) présentent un nombre d’évènements négatifs relativement important mais surtout croissant sur la période, avec en particulier 2 insurrections au compteur en Bolivie.

Enfin, il semble que les assauts des gueux de 1989 contre les ex-Etats staliniens aient eu temporairement raison de la catégorie Occident Division 2 qui rejoint le profil, quasi nul du point de vue des évènements négatifs, de la zone Forteresse, si l’on excepte Israël, en guerre contre une partie de ses habitants, et les Etats-Unis, où depuis le Nouvelle Orléans en aout 2005 le charme des marchandises n’opère plus. En Occident Division 2, l’émeute semble avoir atteint des proportions microscopiques avec 22 émeutes locales en cinq ans. Cependant depuis la fin de 2008 et le début 2009, les temps changent : les émeutiers de Moldavie, de Lettonie, d’Islande, de Bulgarie et bien sûr de Grèce semblent fredonner un air de « Que se vayan todos » de bon augure.

(Laboratoire des frondeurs, octobre 2009)

 

Annexe : Liste des évènements négatifs  « courts et forts »

Etat

Lieux

Date

Code

2004

Iraq

Bassora

04 01 06

04 IRQ 1

Rép. Dominicaine

Saint Domingue

04 01 28

04 RDO 1

Tunisie/Algérie

Sfax

04 02 08

04 TUN 1

Algérie

Ouargla

04 02 22

04 ALG 4

Pakistan

Quetta

04 03 02

04 PAK 1

Syrie

Qamishli

04 03 12

04 SYR 1

Serbie et Monténégro

Kosovska Mitrovica

04 03 17

04 SEM 1

Iraq

Najaf

04 04 04

04 IRQ 4

Pérou

Ilave

04 04 15

04 PER 1

Indonésie

Ambon

04 04 25

04 IDO 2

Nigeria

Kano

04 05 11

04 NIG 6

RD Congo

Kinshasa

04 06 02

04 RDC 1

Pérou

Ayacucho

04 07 01

04 PER 3

Bangladesh

Dhaka

04 08 21

04 BAN 4

Népal

Katmandou

04 08 31

04 NEP 3

Grenade

Saint Georges

04 09 08

04 GRN 1

Pérou

San Gaban

04 10 19

04 PER 6

Chine

Nanren

04 10 28

04 CHI 4

Liberia

Monrovia

04 10 28

04 LIR 7

Côte d’Ivoire

Abidjan

04 11 04

04 CDI 4

2005

Chine

Huaxi

05 04 10

05 CHI 1

Togo

Lomé

05 04 26

05 TOG 2

Cameroun

Buea

05 04 27

05 CAM 2

Ouzbékistan

Andijan

05 05 12

05 OUZ 2

Yémen

Sanaa

05 07 20

05 YEM 1

Soudan

Khartoum

05 08 01

05 SOU 3

Etats-Unis

La Nouvelle Orléans

05 08 29

05 USA 1

Royaume Uni

Belfast

05 09 10

05 RUN 2

Ethiopie

Addis-Abeba

05 11 01

05 ETH 2

2006

Côte d’Ivoire

Abidjan

06 01 16

06 CDI 1

Cartoons

Damas

06 02 04

06 CAR 1

Turquie

Diyarbakir

06 03 28

06 TUR 1

Inde

Aligarh

06 04 06

06 IND 8

Salomon

Honiara

06 04 18

06 SAN 1

Timor Oriental

Dili

06 04 28

06 TIM 1

Inde

Vadodara

06 05 01

06 IND 11

Bangladesh

Gazipur

06 05 20

06 BAN 5

Iran

Tabriz

06 05 22

06 IRA 2

Afghanistan

Kaboul

06 05 29

06 AFG 2

Bangladesh

Dhaka

06 06 11

06 BAN 6

Bangladesh

Phulbari

06 08 26

06 BAN 7

Pakistan

Quetta

06 08 27

06 PAK 3

Bolivie

Huanuni

06 10 05

06 BOL 2

Tonga

Nuku’alofa

06 11 16

06 TON 1

2007

Népal

Lahan

07 01 21

07 NEP 1

RD Congo

Matadi

07 01 31

07 RDC 1

Somalie

Mogadiscio

07 03 21

07 SOM 1

Madagascar

Toliara (Tuléar)

07 04 26

07 MAD 2

Chine

Bobai

07 05 17

07 CHI 4

Inde

Patoli

07 05 29

07 IND 7

Cameroun

Kumba

07 11 09

07 CAM 3

Bolivie

Sucre

07 11 23

07  BOL 6

Inde

Guwahati

07 11 24

07 IND 17

Pakistan

Rawalpindi

07 12 27

07 PAK 7

2008

Cameroun

Douala

08 02 23

08 CAM 1

Arménie

Erevan

08 03 01

08 ARM 1

Chine

Lhassa

08 03 14

08 CHI 1

Haïti

Les Cayes

08 04 03

08 HAI 1

Inde

Bharatpur

08 05 23

08 IND 3

Mongolie

Oulan-Bator

08 07 01

08 MON 1

Pérou

Moquegua

08 10 28

08 PER 8

Nigéria

Jos

08 11 27

08 NIG 3

Grèce

Athènes

08 12 06

08 GRE 1